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Article du journal Sud-Ouest http://www.sudouest.com/111107/reg_chmaritime.asp
Avocat au Tchad
Les propos de Nicolas Sarkozy, affirmant qu'il irait chercher les six Français « quoi qu'ils aient fait », ont provoqué des remous au Tchad. Et ils ont tout autant révolté Dominique Jourdain, avocat au barreau de Rochefort. Dans quelques jours, le 25 ou le 26 novembre, il part pour le Tchad. Et ce n'est pas pour se soucier des Français ! Membre d'un réseau d'amitié avec plusieurs états africains, Me Jourdain, spécialiste du droit des personnes, a été contacté par des « copains africains, animateurs de mouvements de jeunesse, estimant qu'il serait intéressant d'avoir une communication d'un avocat européen ayant la connaissance technique de la problématique de la séparation familiale ».
Indemnisation des Tchadiens. « En fait, poursuit l'avocat, j'y vais pour formaliser le préjudice que subissent les familles de ces enfants et les enfants eux-mêmes. C'est-à-dire que je vais tenter de rendre cela intelligible sur le plan judiciaire. Car, bientôt, des négociations auront lieu et se posera le problème de l'indemnisation de ces familles. Je vais discuter avec les Tchadiens de ce qu'ils pourraient réclamer, selon les critères du droit français puisque, jusqu'à présent dans cette affaire, on raisonne selon des principes européens concernant la liberté de ceux qui ont enfreint la loi. Or, en France, on considère qu'un enfant doit être élevé par sa famille. C'est très compliqué de transférer l'autorité parentale. »
Une idée « répugnante ».
C'est avec plaisir que Dominique
Jourdain s'embarque pour cette mission. « J'ai été exaspéré par ce qui n'aurait
pu ne rester qu'un fait divers avec des ''boboagénaires'' qui se font prendre la
main dans le sac. »
Entre les familles d'accueil déçues, attristées, et
l'ONG l'Arche de Zoé, l'avocat ne fait guère de distinction. Qu'on lui dise que
ces familles souhaitant élever un enfant sont probablement de bonne foi,
l'agace. « Comment, de bonne foi, peut-on penser qu'un enfant que l'on arrache à
ses racines, dont on ne sait rien et pour lequel on a versé de l'argent, sera
mieux ici parce qu'il y a la télé et le micro-ondes ! Quand bien même serait-il
orphelin. En Afrique, la famille va bien au-delà des géniteurs. Ces familles
d'accueil et l'ONG partagent cette idée, à mon sens répugnante, selon laquelle
le ''bon'' vient forcément de l'Occident, alors qu'en Afrique les gens ne
feraient pas grand-chose pour améliorer leur sort. C'est scandaleux. »
Trahir ses racines. « Je peux vous dire qu'au tribunal, je vois les conséquences tragiques de ce genre d'agissements, pour les enfants et aussi pour les familles d'accueil. À l'adolescence, ces jeunes d'Afrique ou d'ailleurs s'interrogent sur leurs origines et peuvent avoir le sentiment d'avoir trahi leurs racines. En plus, dans cette affaire-là, il faudrait demander aux enfants d'assumer le fait que leurs parents les aient vendus ! Quant aux gesticulations médiatiques à propos des ONG, elles servent aux états occidentaux pour justifier leur ingérence ».
Marie-Claude Aristégu