"Homme libre", Robert Hue tente un "come-back"

Il jubile. Après trois ans de purgatoire au PCF, revoici Robert Hue. Mardi 1er mai, au meeting de Ségolène Royal, stade Charléty, il trônait, "très à l'aise", à la tribune officielle aux côtés de Michel Rocard et Christiane Taubira ; "en intimité" même, insiste-t-il. "Ce que j'étais venu dire collait", s'enflamme l'ancien candidat à la présidentielle de 2002. "J'ai accepté juste parce que Marie-George n'est pas venue", glisse-t-il. Mme Buffet a en effet refusé de participer à des meetings de Ségolène Royal, préférant des "initiatives départementales" avec le PS et organisant sa propre réunion publique, jeudi 3 mai, gymnase Japy à Paris. "Totalement anachronique", lance M. Hue.

Le sénateur du Val-d'Oise jure qu'il a été loyal durant la campagne, qu'il aurait pu "aussi" participer aux meetings de Mme Buffet ou signer l'appel des élus communistes en sa faveur, si on le lui avait demandé. "Un petit coup de fil n'aurait pas été de trop", dit-il, notant que cela fait "plus d'un an" que "Marie-George" ne l'a pas appelé. C'est donc en "homme libre" que l'ancien numéro un du PCF soutient Mme Royal. Et encore en "homme libre" qu'il veut pouvoir critiquer la ligne de son parti. Le 29 mars, il avait, dans une tribune au Monde, dénoncé les "orientations confuses et contradictoires" de la direction du PCF. Le 16 avril, dans Libération, il appelle Mme Buffet à dire sa disponibilité à "participer pleinement" à une majorité de gauche. Le soir du premier tour, il souligne durement le "très mauvais score" de Mme Buffet.

"BOUC ÉMISSAIRE"

Entendre les proches de la candidate s'abriter derrière le vote utile pour justifier les 1,93 % obtenus l'agace : "Nous donnons l'image d'un parti replié, coupé de la société. Il fallait faire une offre politique qui apparaisse plus utile." Notamment en cessant de "taper sur le PS".

Car M. Hue n'a pas digéré le rôle de "bouc émissaire" qu'on lui a fait jouer après ses 3,37 % de 2002. "Ce fut une période extrêmement douloureuse et violente", raconte-t-il. Ces temps noirs sont désormais terminés. Il veut "appuyer franchement la démarche de Ségolène Royal" et, si la gauche l'emporte, faire revenir les communistes au gouvernement. Car c'est " de l'intérieur qu'on obtient un maximum de réformes", insiste-t-il, refusant de préciser s'il se voit lui-même ministre. Mais n'omettant pas de signaler dans un article publié dans sa revue Nouvelles fondations comment Thorez avait plaidé pour un retour des communistes au gouvernement Blum. "Ce n'est pas fortuit", dit-il sans rire. Omettant de rappeler qu'à l'époque le PCF était le premier parti de France, avec 28,8 % des voix...

Robert Hue entend parfaire son "come-back", précisant qu'il n'est "pas seulement de circonstance". S'il "n'imagine pas un instant" revenir comme secrétaire national - "il y a suffisamment de gens compétents parmi mes amis huistes", assure-t-il -, il entend jouer "un rôle important hors de la direction". Et appuyer là où cela fait mal.

Malgré les attaques qu'il dit subir, Robert Hue prévient qu'il continuera à intervenir sans retenue. Pour défendre "la mise en œuvre de la mutation dans le PCF et du communisme" afin de "redresser le parti". Tous les espoirs lui seraient permis avec le départ probable Marie-George Buffet à l'automne. Et, pour rassurer ceux qui le regardent avec méfiance, il jure qu'il ne sera " jamais un social-démocrate" mais demeure un "communiste constructif". Faire passer une ligne minoritaire depuis la fin 2003 et convaincre des troupes désormais très anti-PS ressemble pourtant à une gageure.

Sylvia Zappi


 

retour archives