POLITIQUE. --La ligne défendue par le secrétaire départemental du Parti communiste n'est pas du goût de tous les adhérents. Certains s'en émeuvent, d'autres envisagent une troisième voie.

La maison se lézarde

Par Thomas Brosset (Sud Ouest (page La Rochelle) du 13 juillet 2007).

Fini le temps où, au Parti communiste, on ne voulait voir qu'une tête. Balayé par le vent des démocraties et des défaites électorales, le Parti de Maurice Thorez laisse ses courants débattre et s'exprimer, ses rancœurs s'étaler sur la place publique. Même au niveau local. C'est ainsi qu'un groupe « d'adhérents et élus communistes de l'agglomération rochelaise » a décidé d'afficher publiquement son désaccord avec les choix de Jean-François Mémain, le secrétaire départemental, qui vient de cosigner un texte national appelant à la création d'un nouveau parti « porteur des idées communistes ».
Jean-Louis Rolland, conseiller municipal de La Rochelle, fait partie de ceux qui ne partagent pas les idées du numéro 1 de la fédération départementale : « Il veut faire le congrès de Tours à l'envers. Si au moins il appelait au débat démocratique. Mais non ! Ce qu'il souhaite, c'est faire disparaître le PCF en s'associant avec François Hollande ».
Faux, affirme Jean-François Mémain. Nous n'avons jamais voulu vendre le Parti communiste au PS. Nous pensons que les raisons de nos échecs électoraux successifs viennent du fait que le Parti communiste s'est toujours reconstruit sur les mêmes, le modèle bolchevique. Nous ne pourrons nous en sortir qu'en créant un nouveau parti. C'est pourquoi nous demandons un congrès exceptionnel en 2007 ».

« Plus rouges que rouges ». En cela, la ligne suivie par Jean-François Mémain et son « communisme français du XXIe siècle » se démarque de celle de Marie-George Buffet qui appelait avant les élections au rassemblement des forces anti-libérales. Avec le résultat que l'on sait.
«Pour Jean-Louis Rolland et les siens, pas question d'autodétruire le PC : « Nous pensons que le peuple a besoin d'un Parti communiste en France, un parti de classe qui s'attaque au capitalisme dès aujourd'hui dans la rue, dans les entreprises, dans les institutions ». Jean-Louis Rolland dit représenter ainsi le courant « révolutionnaire et démocratique du parti ». Ce courant qui, depuis plusieurs semaines affiche ostensiblement la faucille et le marteau sur les panneaux de la ville comme pour rappeler les racines ou « fondamentaux » du mouvement ouvrier. « Ils sont plus rouges que rouges. Cela fait cinq ans que ça dure. Depuis 2002. Ils refusent tout changement. Ils restent accrochés à l'image du parti de l'ancien temps », poursuit Jean-François Mémain.

«L'Internationale» au banjo. » « Depuis plusieurs mois, il n'y a eu aucune assemblée générale. Et pourtant l'instance en question est décisionnaire », contre-attaque Jean-Louis Rolland.
Une troisième voie ? Elle pourrait être incarnée par Henri Moulinier, adjoint au maire de La Rochelle. Cela fait longtemps qu'il a pris ses distances avec la direction départementale du parti sans pour autant tomber dans les bras des dissidents. « J'étais pour la création d'un collectif anti-libéral. Et je suis toujours favorable à un rassemblement des forces de gauche bien au delà du Parti communiste. Le PC, tel qu'il est organisé aujourd'hui, c'est fini. En cela, je suis d'accord avec Jean-François Mémain. Sauf qu'il est l'incarnation de cette bureaucratie qu'il dénonce. Quant à Jean-Louis Rolland et à son courant, ils restent figés sur des schémas d'un autre âge ».
Henri Moulinier renvoie tout le monde dos à dos. A La Rochelle la maison communiste se fissure de partout. Il n'y a guère que l'ancien, Jacques Bessière, qui garde le sourire : « Moi, je m'occupe des vieux. Le reste me passe au-dessus ». Et de préparer l'anniversaire de Frantz Jean, militant communiste de toujours qui va fêter ses 100 ans dans quelques jours et promet d'interpréter «l'Internationale» au Banjo.

Chanteront-ils tous en chœur « Du passé, faisons table rase » ?

 

 

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