L’Espagne franquiste, la haine des femmes au nom de la foi catholique.
Il y a quelque hypocrisie, c’est une litote, à dénoncer le caractère rétrograde de l’Islam en matière de situation des femmes quand on mesure ce qui se passe en Europe, en Espagne en particulier. Non que ces mœurs soient une excuse pour des pratiques infâmes dans des pays arabes, chez nos alliés saoudiens en particulier, mais il faut mesurer ce que notre continent "très chrétien" et catholique en particulier continue à tolérer au nom de la foi. Un autre élément qu’il faut mesurer est la coalition réactionnaire qui tend à prendre de l’ampleur en Europe. Ceux qui en Espagne ont obtenu la loi contre l’avortement sont les mêmes qui avaient mené l’offensive contre le mariage pour tous. Et comme en France, il y a eu la rencontre sous l’égide des mœurs entre la droite et l’extrême-droite avec le soutien non seulement de l’église mais du capital, en particulier d’institutions capitalistes qui mêlent leurs intérêts à ceux des Etats-Unis dans l’exploitation de l’Amérique latine.
Deux faits interviennent en cette fin d’année et début d’année 2014.
Le premierest la loi contre les femmes instaurée par le gouvernement de droite Espagnol, une promesse de campagne aux éléments les plus réactionnaires et à l’église catholique, cette force politique qui n’a jamais caché ses sympathies franquistes. Avec la nouvelle loi sur l’avortement, l’Espagne se replace parmi les pays européens les plus restrictifs dans ce domaine. Le projet de loi annule de fait la loi de 2010 qui autorise l’avortement jusqu’à 14 semaines et jusqu’à 22 semaines en cas de malformation du fœtus. Cette loi était, avec le mariage homosexuel, l’une des réformes phares de l’ex-gouvernement socialiste. Il revient à l’esprit des pratiques en vigueur entre 1985 et 2010, mais les durcissent par certains aspects.
Il s’agit d’une longue bataille qui a abouti en Espagne mais qui est désormais menée dans bien des pays dont la France.
Le gouvernement reprend les principes de la loi en vigueur entre 1985 et 2010, mais y ajoute des restrictions. L’IVG ne sera plus un droit et ne sera autorisée que sous deux conditions. Si la femme est victime d’un viol et si elle le dénonce officiellement, elle pourra avorter jusqu’à douze semaines. Deuxième cas, si la grossesse représente un « risque physique ou psychique » pour la santé de la mère, l’avortement pourra être réalisé jusqu’à la vingt-deuxième semaine.
L’avant-projet revient également sur la possibilité pour les mineures de 16 à 18 ans d’avorter sans le communiquer à leurs parents, une disposition prévue par loi de 2010. Le texte prévoit que les jeunes femmes seront obligées d’avertir l’un de leurs parents. Si elles craignent des risques de mauvais traitements, des menaces, la décision finale reviendra au médecin. Contrairement aux lois de 1985 et de 2010, l’avortement illégal sera « dépénalisé » pour les femmes avortant pour la première fois.
Le contrôle est donc renforcé par rapport à la loi de 1985, déjà critiquée par les associations « pro-vie ». À l’époque, près de 90% des avortements étaient pratiqués en raison d’un risque psychique ou physique pour la mère. « Une excuse, une passoire », estime l’association Droit à vivre.
« Cette future loi compliquera énormément le parcours de la femme. Cela rendra presque impossible l’avortement. Nous nous attendions à une mauvaise loi. Mais elle est pire que ce que nous pensions. De nombreuses femmes avorteront dans la clandestinité », estime Francisca Garcia, présidente de l’Association des cliniques accréditées pour l’IVG.
Sur les 118 365 femmes qui ont avorté en 2011, près de 85 % l’ont fait dans les quatorze premières semaines, sans donner de motif. Le président de l’ONG Fédération du planning familial national, Luis Enrique Sanchez, craint « que les Espagnoles qui en ont les moyens partent en France ou en Angleterre pour avorter ».
Le président de l’association Droit à vivre, Ignacio Arsuaga, estime en revanche que l’avant-projet est « un pas positif en avant », mais il s’inquiète de la possibilité que « le risque physique ou psychique pour la mère ne se convertisse à nouveau en une excuse pour avorter ».
Cet avant-projet doit maintenant être discuté au Congrès des députés et au Sénat, une étape qui peut durer plusieurs mois.
Derrière le discours du pape, une Eglise dans laquelle les éléments réactionnaires paraissent inexpugnables
Le second est la manière dont l’église catholique, le Vatican est appelé en janvier 2014 de juger d’une institution que jean Paul II et benoit XVI ont encouragé jusqu’au bout les dérives sectaires dans leur lutte contre le communisme: la légion du christ. La haine des femmes faisait partie de l’esprit de cette véritable secte comme de l’anticommunisme forcené. Cette légion du christ a manifesté comme l’opus dei des liens étroits avec le franquisme jusqu’à Aznar et a bénéficié de son programme de privatisation de l’éducation. Dans une lettre datée du 4 octobre 2013, le cardinal Velasio De Paolis, délégué pontifical pour la Légion du Christ et le mouvement Regnum Christi, a convoqué le chapitre général extraordinaire de la congrégation. Celui-ci débutera le 8 janvier 2014 et devrait se terminer à la fin du mois de février. Ce chapitre aura lieu à Rome et sera composé de délégués d’office (gouvernement général et provinciaux) et de délégués élus dans chaque province. Ce qui est extraordinaire est que cette affaire fasse aussi peu de bruit et reste confinée dans les milieux de l’église et que l’on songe encore à sauver pareille institution.
Mais pour que l’on comprenne bien jusqu’où ont pu aller les dérives d’une Eglise catholique appareil d’Etat de l’Espagne dans ses aspects les plus réactionnaires et ce depuis Isabelle la catholique jusqu’à aujourd’hui en passant par le franquisme, il faut voir une des dérives les plus extraordinaires de cette église avec ses liens en Amérique latine où elle appuie également les dictatures les plus féroces: la légion du christ. On nous parle beaucoup de la pédophilie des prêtres comme d’un phénomène morcelé concernant des individualités couvertes par leur hiérarchie mais avec la légion du christ, nous avons le cas le plus manifeste de la manière dont l’horreur a pu être couverte par les institutions politiques et religieuses et dans une certaine mesure malgré un pape apparemment bavard, l’omerta se poursuit.
Comme le souligne Golias : Aux dernières rumeurs – à confirmer encore – le pape François voudrait redresser la barre et reprendre en mains cette communauté puissante et déviante. Il miserait pour ce faire sur l’un de ses amis cardinaux, le cardinal brésilien Claudio Hummes, un franciscain, ancien archevêque de Sao Paulo. Soit. On peut toujours espérer. Il n’empêche. Il vient de nommer comme secrétaire du gouvernorat de la Ciré du Vatican, un poste très important à la Curie, un religieux espagnol de 68 ans, le Père fernando Vergz Alzaga… légionnaire du Christ. Le pape François s’inscrit donc dans la ligne de ses prédécesseurs.
Histoire et société.