Représentativité syndicale :
Est-ce bien le hasard qui rend ces comptes si étranges ?
L’audience des organisations syndicales au niveau interprofessionnel, comme au niveau des branches, vient d’être divulguée par le ministère du Travail.
Hasard du calendrier, les comptes, gardés longtemps sous le coude du ministre, deviennent publics juste au début du débat parlementaire sur la transposition en loi d’une des pires régressions sociales depuis de nombreuses années, l’accord MEDEF-CFDT-CFTC-CGC.
Par un étrange décompte pondéré selon des méthodes obscures, les organisations syndicales signataires de cet accord contre l’emploi seraient devenues majoritaires (51%) ! Miracle, Habemus Papam !
Les chevaliers du saint calcul vont même jusqu’à ressusciter la CFTC le jour de Pâques ! Tous les observateurs avertis prédisaient à cette organisation une fatale disparition, en faisaient foi les résultats des diverses élections professionnelles (TPE, Prud’hommes…). Une audience en deçà de la barre fatidique des 8% exigés pour rester représentatif indiquait une issue fatale. Résurrection ?
Les anges des François ont dû sacrément activer les pieux mensonges pour parvenir à ces saintes écritures.
Quelques approximations arithmétiques ? Quelque dessein politique ? Voilà qui laisse une impression de baiser de Juda à la démocratie sociale. Mais il est vrai que les comptes échappent à ce gouvernement, tout particulièrement ceux situés du côté des paradis… fiscaux.
Mécomptes et tripafouilles ? Exemples :
- 8% des procès-verbaux d’élections d’entreprises ne sont pas comptabilisés, un détail ?
- Le nombre de salariés inscrits aux élections est inférieur de 2 millions au nombre réel qui aurait dû être inscrit.
- Le refus du ministère de prendre en compte, la demande des organisations syndicales des DOM d’agréger leurs résultats à celles de Métropole, ce qui renforcerait encore le poids de la CGT au détriment des autres.
- Certaines conventions collectives de groupes ou d’entreprises, comme celles des SAD dans nos champs professionnels ou de France Télévision où la CGT est largement majoritaire, seraient comptabilisées seulement au niveau interprofessionnel sans incidence dans les branches professionnelles dont elles dépendent.
Hasard ? Vous avez dit hasard, mon cher cousin ? Le hasard fait que seuls les résultats de ses conventions collectives d’entreprise où notre influence dépasse la barre des 50% subissent ce sort.
Mais lorsqu’il s’agit de celles, comme par exemple celle du Crédit mutuel où la CFTC dépasse les 8% et la CGT est à la peine, ces dernières sont comptabilisées à tous les niveaux de la représentativité.
Dans nos branches professionnelles, la CGT est de loin l’organisation syndicale la plus représentative, dépassant bien souvent le seuil des 50%, comme notamment en PQR, en PQN, dans la transformation du papier, dans le Labeur.
Mais ces résultats souffrent d’oublis qui affaiblissent notre audience. Ainsi les résultats d’entreprises et de groupes, dans lesquels notre représentativité est voisine des 50% et plus, n’ont pas été pris en compte, comme par exemple : ArjoWiggins dans le Nord, Nice Matin, Canson, Papeterie de Mandeure, Roto-Garonne, imprimerie de Champagne, Média Portage, Publicis Consultant.
En agrégeant, les résultats de ces élections professionnelles, non seulement la CGT améliore encore son score, mais certaines organisations syndicales qui demeurent à la frontière de la représentativité disparaissent des tables de négociations et des différentes instances paritaires de branches.
Nous avons moins de 2 mois pour contester, cette première mesure plus que partielle puisque partiale. Notre Fédération fera tout pour que tous les résultats des élections professionnelles soient pris en compte dans leur intégralité.
Si dans les branches professionnelles, comme les nôtres, nous avons constaté de telles anomalies, il est fort à parier qu’au niveau interprofessionnel, l’approximation est fortement préjudiciable pour notre Confédération.
Sans doute qu’à l’issue des débats parlementaires sur l’ANI les résultats réels de la représentativité démontreront que cet accord était bien minoritaire.
Ne remettons pas l’avenir de nos emplois, du Code du travail dans les mains célestes, soyons réalistes, exigeons le retrait immédiat de ce projet de Loi.
La bataille contre la mise à mort du droit social en France doit monter en puissance, elle se gagnera dans les entreprises, avec la mobilisation de l’ensemble du salariat.
Plus que jamais la mobilisation ! Le 9 avril, notre nombre et la hauteur de la mobilisation seront déterminants.
Analyse de la Filpac CGT sur la représentativité syndicale
(fédération CGT des industries du livre, du papier et de la communication)