Israël :
Le génocide en cours oblige enfin le monde à choisir
Israël
s’enfonce dans une spirale autodestructrice dont Gaza est le miroir le plus
brutal. Ce qui se joue aujourd’hui n’est pas une guerre, mais un
effondrement : moral, stratégique et politique. La famine de masse, les
dizaines de milliers de morts, les frappes ciblant les civils, les ONG
empêchées d’agir, les journalistes réduits au silence : rien de tout
cela ne relève d’un accident de guerre. Tout relève
d’un choix.
C’est un choix
assumé. Un choix qui isole Israël, le place en rupture avec le droit
international et le pousse vers un point de non-retour.
La stratégie du
chaos, souvent présentée comme un levier géopolitique, n’est ici qu’un
masque. Elle ne change pas les règles du jeu : elle révèle
l’effondrement d’un mythe — celui d’un État pouvant exister durablement tout
en niant les droits fondamentaux d’un peuple voisin, en poursuivant une
colonisation sans fin, en bombardant des civils, et en dissimulant ses actes
derrière une rhétorique sécuritaire. Ce n’est pas une stratégie de survie.
C’est une mécanique de destruction.
Et c’est
l’insupportable génocide en cours qui précipite cette chute. Il ne laisse
plus de place au doute, ni à la neutralité.
La Cisjordanie
suit le même chemin. Pourtant, il n’y a pas de guerre ouverte. Pas de Hamas.
Et pourtant, la même logique coloniale, brutale, suprémaciste,
y gangrène le quotidien. Les colons armés attaquent des villages, profanent
les lieux saints, brûlent les oliveraies. L’armée, elle, protège, couvre,
participe.
Désormais, des
colons fanatisés et surarmés s’en prennent même à l’armée israélienne, qu’ils
accusent de ne pas aller assez loin dans la répression. Ces scènes de
confrontation révèlent des lignes de fracture profondes : l’État semble
perdre le contrôle de ses propres marges.
La colonisation
n’est plus un projet politique. C’est une obsession suicidaire. Elle rend
impossible toute paix, toute coexistence. Elle transforme Israël en un État
d’apartheid, rejeté jusque par ses alliés historiques. Et pendant ce temps,
l’Iran gagne. Non par la guerre, mais par la résilience. La guerre de douze
jours a montré que Tel-Aviv n’est plus intouchable. Le Dôme de fer coûte trop
cher, les stocks s’épuisent, les frappes iraniennes passent. L’Iran, lui,
s’ancre dans un nouvel ordre multipolaire, avec la Russie, la Chine, l’Inde.
Il construit des corridors logistiques, des alliances énergétiques, des
routes alternatives. Il défie l’ordre atlantiste sans tirer un coup de feu de
trop.
Et surtout, il
puise sa force dans les BRICS, qui lui offrent un appui diplomatique,
économique et stratégique. Ce réseau d’États émergents, en rupture avec
l’hégémonie occidentale, confère à l’Iran une légitimité nouvelle et une
capacité d’action renforcée.
Israël, lui,
s’enlise. En Syrie, au Liban, dans le Caucase, en mer Rouge. Les Houthis paralysent Eilat — un coup stratégique majeur qui
compromet directement le projet de corridor IMEC (India-Middle
East-Europe Economic Corridor), censé concurrencer
les autres corridors.
L’économie
souffre. La société se fracture. Les ultra-orthodoxes refusent de servir, les
laïcs s’épuisent, les jeunes fuient. Netanyahou, acculé par la justice, joue
sa survie politique sur le dos d’un pays au bord du gouffre. Il n’y a plus de
vision. Plus de projet. Seulement la peur et la vengeance.
Et Tel-Aviv,
cœur de la Start-Up Nation, ne peut prospérer dans un tel chaos. L’innovation
ne survit pas à l’isolement. Les cerveaux partent. Les capitaux hésitent. Les
investisseurs se détournent. Une nation fondée sur la technologie, la
créativité et l’ouverture ne peut coexister avec l’occupation, la répression,
et le rejet du droit international.
La
reconnaissance de la Palestine n’est plus une utopie diplomatique.
Elle devient une
nécessité politique pour des puissances occidentales qui ne peuvent plus
justifier l’indéfendable. Le Royaume-Uni, la France, le Canada, et d’autres
s’apprêtent à franchir le pas. Ce n’est pas un geste symbolique. C’est un
basculement. Une rupture avec des décennies de complicité tacite. Une réponse
à l’impasse israélienne.
Et dans les pays
du Sud, ce changement est perçu comme la confirmation d’un constat
ancien : celui du deux poids, deux mesures. Comment justifier les
sanctions, les interventions, les condamnations ailleurs, quand l’impunité
règne ici ?
Cette hypocrisie
secoue les consciences, alimente la colère, et accélère le basculement du
monde vers d’autres alliances, d’autres récits, d’autres centres de gravité.
Et quand Israël
— qui n’est rien sans l’impérialisme états-unien — vacille, c’est aussi
Washington qui s’enfonce. Un Israël affaibli, incapable de tenir une semaine
sans le soutien militaire, diplomatique et financier de Washington, entraîne
avec lui les États-Unis dans une perte de crédibilité mondiale.
Le lien
fusionnel entre les deux pays devient un fardeau, un révélateur, un
accélérateur de déclin. Et le monde commence enfin à le voir.
Hervé Poly, Liberté Actus.
B'TSELEM ONG ISRAÉLIENNE
« NOTRE GÉNOCIDE. Israël commet un génocide à Gaza. Ça paraît inconcevable. Mais c'est la vérité. Israël mène une action délibérée et coordonnée pour détruire les Palestiniens de la bande de Gaza. Les déclarations explicites des responsables israéliens, combinées à une politique constante d'attaques destructrices et autres pratiques d'annihilation, prouvent sans l'ombre d'un doute que la cible d'Israël est l'ensemble de la population de Gaza. Des villes entières rasées ; des infrastructures médicales, éducatives, religieuses et culturelles systématiquement détruites ; deux millions de Palestiniens déplacés de force dans le but de les expulser de Gaza ; et, bien sûr, une famine et des massacres de masse : tout cela constitue une tentative explicite de détruire la population de Gaza et d'imposer des conditions de vie si catastrophiques que la société palestinienne ne peut plus y survivre. C'est la définition exacte du génocide. Le rapport que nous publions aujourd'hui est un avertissement : l'idéologie qui anime le régime israélien ne se limite pas à Gaza. Le même régime, la même armée, les mêmes dirigeants et les mêmes commandants mettent en œuvre des pratiques extrêmement violentes contre les Palestiniens en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et en Israël. Nous constatons déjà que les pratiques israéliennes à Gaza se propagent à d'autres régions – à une échelle différente, mais guidées par la même logique. En Cisjordanie, cela prend la forme de frappes aériennes, de démolition de camps de réfugiés, d'expulsions massives et de destruction délibérée de l'économie et de la société palestiniennes. Aucun Palestinien vivant sous le régime génocidaire israélien n'est en sécurité. Rien ne justifie le génocide – ni la « légitime défense », ni la « sécurité », ni les actes odieux commis par le Hamas le 7 octobre 2023, qui ont suscité une profonde peur existentielle chez les Israéliens. La communauté internationale a non seulement failli à son devoir de mettre fin aux atrocités, mais les dirigeants occidentaux, en particulier les États-Unis et l'Europe, en portent également la responsabilité en apportant un soutien qui permet à Israël de commettre ses actes de destruction. Il est du devoir de la communauté internationale de mettre fin au génocide perpétré par Israël à Gaza. Sur les réseaux sociaux, nous voyons des images de personnes ensevelies sous des bâtiments bombardés, de camps de personnes déplacées en feu, d'enfants affamés, de personnes manquant désespérément d'eau, et d'hôpitaux incapables de soigner les blessés et les malades. En tant qu'organisation de défense des droits humains, il est de notre devoir et de notre responsabilité de dire la vérité : un génocide est en cours, ici et maintenant. C'est notre génocide, et nous devons y mettre fin. »