Une « révolution propre » dans la transformation du charbon ?

 

Des chercheurs russes, mongols et chinois ont mis au point une technologie innovante qui transforme le charbon en matériaux de haute valeur, tout en réduisant drastiquement son impact environnemental. Une avancée majeure pour une ressource tant décriée qu’utilisée à travers le monde.

Oubliez la combustion polluante du charbon. Une équipe internationale de scientifiques, menée par le Centre scientifique de Krasnoïarsk de l’Académie des sciences de Russie, propose une alternative radicalement différente : dissoudre le charbon dans un liquide spécial, puis le chauffer à environ 380 °C. Ce procédé chimique innovant permet de décomposer le charbon en un concentré d’hydrocarbures polyaromatiques, des composés précieux pour l’industrie des matériaux avancés.

Le taux de conversion atteint jusqu’à 97,5 %, un record dans ce domaine. Le choix du solvant joue un rôle clé : le goudron de houille, par exemple, permet d’obtenir un matériau particulièrement aromatique, résistant à la chaleur et chimiquement stable. Ces propriétés sont idéales pour la fabrication de fibres de carbone, utilisées dans l’aéronautique, l’automobile ou encore l’électronique.

Une alternative durable à la combustible

Au-delà de ses performances techniques, cette méthode se distingue par ses bénéfices environnementaux. Elle génère très peu de déchets – moins de 8 % – et limite fortement les émissions de substances nocives. Le niveau de benzo[a]pyrène, un agent cancérigène présent dans les procédés traditionnels, est significativement réduit. En prolongeant le temps de traitement, il est même possible de l’abaisser davantage.

Cette technologie ouvre ainsi une voie durable pour l’industrie du charbon, en valorisant cette ressource fossile dans des applications de haute technologie plutôt que dans des usages énergétiques polluants.

Même si le procédé est prometteur au laboratoire, le passage à une production industrielle rentable reste un défi. La consommation d’énergie, le recyclage des solvants et la gestion des sous-produits doivent être évalués pour confirmer la réduction réelle de l’impact environnemental.

Hervé Poly , Liberté Actus

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