« Ceux qui ont nourri la division, les spéculations, a-t-il ajouté, n’ont pas été au niveau du moment que vit la France et de ce qu’attendent les Français et les Français ». On croit rêver quand on sait quel pyromane a été ce monsieur, il y a un an et sa responsabilité dans le chaos actuel.
Une manière de provocation dont il est coutumier et dont témoigne encore tout le sketch des derniers jours autour de la nomination-démission – (re)nomination de Sébastien Lecornu à Matignon.
Justement, celui-ci a présenté hier à l’Assemblée nationale son discours de « politique générale » dont on ne veut retenir que deux choses : l’affirmation du renoncement à l’utilisation du 49.3 et la suspension de la réforme des retraites jusqu’à l’élection présidentielle de 2027.
Évidemment, ces annonces sont importantes, surtout pour celles et ceux qui allaient liquider leurs droits. C’est indéniablement une victoire du mouvement social, des syndicats unis et des parlementaires de gauche et de leurs partis dont le PCF, qui n’aura pas été le moins actif dans cette affaire.
Mais il serait, pourtant désastreux que l’arbre nous cachât la forêt.
La suspension de la réforme des retraites n’est pas son abrogation et Lecornu, avec sa « conférence » sociale nous rejoue le « conclave » qui a échoué parce qu’il ne pouvait qu’échouer et que c’était justement ce qu’attendait le pouvoir pour passer en force. Les « partenaires sociaux » n’ont aucune chance de s’entendre, et tout le monde le sait. Reste à savoir si, à terme, le gouvernement restera fidèle à la promesse de Lecornu : « Le gouvernement proposera, nous débattrons, vous voterez ». Rappelons qu’à bien des égards, ce gouvernement ressemble aux précédents, auxquels, du reste, Lecornu a participé à tous. Proposera-t-il autre chose qu’hier ? Le peut-il seulement au vu des intérêts qu’il représente ? N’oublions jamais que Macron ou Lecornu ne sont rien d’autre que des chargés d’affaires.
Pas de 49.3 nous promet le Premier ministre, mais il reste tout un tas de moyens de contourner le parlement dont le vote bloqué par exemple pourrait soumettre un texte dans lequel à côté de la suspension de réforme des retraites, on trouverait le gel des pensions de retraites et des prestations sociales, des plans d’austérité frappant l’Éducation nationale, la Santé, l’Environnement, le Travail. Joli piège pour le PS qui a fait la seule suspension de la réforme des retraites le gage de sa neutralité bienveillante à l’égard du gouvernement Lecornu. En politique, camarade Faure, il n’y a pas de neutralité !
Il y a en France, dans une certaine gauche, politique et syndicale, une attirance pour un modèle de coalition qui tient un peu de l’Arlésienne : on en parle toujours, elle n’arrive jamais.
Bernard Frederick , Liberté Actus


